The Big Bluff est un manhwa sur le poker qui est sorti le 23 avril chez l'éditeur Samji. Il avait été prépublié partiellement dans le magazine 52 qui est spécialisé sur le poker.
C'est un polar assez sombre, avec quelques accès de violence, une scène de sexe et pas mal de jurons.
Le dessin est de bonne facture, dans un style assez fouillé. Le découpage très carré et les plans à l'américaine rappellent la bande-dessinée franco-belge et les vieux films du cinéma Hollywoodien.
L'intrigue se base sur l'amitié entre deux hommes, Paul et Adam, et leur passion pour le poker. La narration se partage entre le point de vue de Paul, celui des caméras de surveillance omniprésentes, et quelques scènes qui ouvrent des fenêtres dans l'ombre, sur les manigances de personnages inquiétants.
L'histoire débute en 2005 avec une partie de poker survoltée à bord d'un avion : une belle trouvaille scénaristique, quand tu perds, tu sautes littéralement ! Dix ans plus tard, Paul se retrouve dans l'antre du jeu à Las Vegas pour faire face au cercueil de son ami. Adam lui laisse en héritage une énigme à résoudre, sous la forme d'un jeu de piste. Paul mène alors son enquête, convaincu qu'il s'agit d'un meurtre déguisé en overdose, et replonge dans l'univers du poker.
Vegas et l'univers du poker sont rendus de manière très réaliste. Par contre, les scénaristes nous donnent très peu de détails sur les nombreux personnages introduits dans ce premier tome. Peut-être est-ce fait pour qu'on ne sache pas si les personnages bluffent ou non?
Note sur l'édition : L'impression est de bonne qualité et les 160 pages du manhwa en noir et en blanc servent bien le côté polar. Seuls petits soucis, 2 fautes d'orthographe, des marges intérieures trop faibles pour le texte de la préface. On peut également regretter le manque de notes sur le poker qui risque de dérouter les débutants.
Dans The Big Bluff, on joue au Texas hold 'em, la variante la plus populaire du poker dans les casinos et les salles de jeu aux USA, en Europe et sur Internet. L'article de Wikipedia vous donnera tous les détails sur les règles de cette variante.
Un tour de jeu se déroule par phases :
- le premier joueur est indiqué par un jeton. A chaque nouveau tour, le jeton va au joueur suivant dans le sens des aiguilles d'une montre.
- le premier et le deuxième joueur doivent obligatoirement miser [voir petite et grosse blind ci-dessous], sans cartes en main
- chaque joueur reçoit deux cartes, faces cachées, en commençant par le premier et le deuxième joueur
- les joueurs suivants font leurs paris, avec leurs deux cartes en main. Plusieurs tours de paris peuvent s'enchainer pour faire monter les enjeux. Les joueurs peuvent décider de monter les enjeux, égaliser (suivre) ou quitter le pari (jeter) en abandonnant leur mise.
- une carte est défaussée [voir burn ci-dessous], puis trois cartes sont retournées face visible sur la table [voir flop ci-dessous]
- un deuxième tour de mises est possible
- une carte est défaussée (burn) et la quatrième carte est retournée face visible (appelée turn)
- un troisième tour de mises est possible
- une carte est défaussée (burn) et la cinquième carte est retournée face visible (appelée river)
- un quatrième tour de mises est possible
- à ce stade, s'il reste au moins deux joueurs en jeu, ils retournent leurs cartes et celui qui obtient la meilleure main en combinant cinq cartes parmi ses deux cartes et les cinq partagées sur la table remporte toutes les mises (pot). Si plusieurs joueurs ont des mains équivalentes, ce qui arrive en particulier lorsque la meilleure main est formée par les cinq cartes partagées, ils se partagent le pot.
Lors d'un tour de mises, si un seul joueur reste en jeu, il remporte le pot sans avoir besoin de montrer ses cartes. Le principe du bluff est de laisser croire que l'on a une meilleure main, par son attitude ou par une mise importante, afin de décourager les autres joueurs pour leur faire abandonner le pot.
Vocabulaire au fil des parties de poker de The Big Bluff :
- "petite et grosse blind" (page 4) : ce sont des mises obligatoires, qui poussent les deux premiers joueurs à rester en jeu pour ne pas perdre la mise. Le montant de la grosse blind est le double de celui de la petite blind. Dans les tournois, les montants des blinds augmentent à chaque tour de jeu afin de limiter la durée des parties.
- "deux joueurs, dont un à tapis." (page 7) : un joueur est à tapis, lorsqu'il a misé tous les
jetons qu'il lui reste. C'est l'équivalent de "all in" en anglais. Ici, il ne reste que deux joueurs en jeu. L'un est à tapis et l'autre non. Dans ce cas (ou lorsque tous les joueurs sont à tapis), tous les joueurs doivent montrer leurs cartes. Le donneur attend alors que tous les joueurs retournent leurs cartes avant de continuer "messieurs, montrez vos cartes, voici le flop".
- le flop (page 7) : les trois premières cartes partagées sont retournées face visible.
- la turn et la river (page 7) : turn correspond à la quatrième carte retournée face visible, et river à la cinquième et dernière. C'est la fin du tour.
- "mademoiselle, messieurs, pour la première fois de ma carrière j'annonce une quinte flush royale" (page 7) : la quinte flush est une combinaison de cinq cartes qui se suivent (quinte, en anglais straight) et dans la même couleur (flush).
Au poker, couleur correspond à une famille : pique, coeur, carreau ou trèfle, pas à rouge ou noir. Une quinte flush royale va du 10 jusqu'à l'As. C'est la meilleur main possible : il y a seulement quatre quintes flush royales (une dans chaque couleur), sur 2 598 960 mains possibles. Au Texas hold 'em les couleurs ne sont pas prises en compte dans la comparaison, une quinte flush royale à pique est donc équivalente à une quinte flush royale dans les autres couleurs. Ici il s'agit d'un quinte flush royale à trèfle, avec J♣, Q♣, A♣ sur la table, et 10♣, K♣ dans la main de l'italien.
- full aux as par les valets (page 8) : un full (full house) est la combinaison d'un brelan (trois cartes identiques) et d'une paire (deux cartes identiques). Un full aux as par les valets est constitué de trois as et de deux valets.
- all in (page 10) : comme "faire tapis"
- payé (page 10) : il faut payer pour voir. L'alternative serait de ne pas payer, au risque de perdre sa mise sans voir la main du joueur (voir principe du bluff ci-dessus)
- "je ne dois laisser passer aucune émotion..." (page 11) : cette réplique fait référence au visage impassible des joueurs de poker (poker face). A ce stade, Adam a un full aux dames par les neufs : Q♥, Q♦, Q♣, 9♥, 9♦. La jolie blonde n'a que deux paires Q♦, Q♣ (sur la table) et 4♣, 4♦ (dans sa main).
- "vous êtes si belle quand vous espérez..." (page 12) : la jolie blonde a désormais un full aux 4 par les dames : 4♥, 4♣, 4♦, Q♦, Q♣. Mais son full est moins fort que celui d'Adam car les dames battent les quatre. Que peut-elle espérer pour battre le full aux dames par les neufs d'Adam ? Un carré, une combinaison de quatre cartes identiques. Avec deux 4 dans sa main, et un sur la table, il ne manque plus que le 4♠. Mais c'est la seule carte qui peut la faire gagner... la probabilité est très faible que ce soit justement la dernière carte tirée.
- WPT (page 34) : World Poker Tour, tournoi international de poker Texas hold'em.
- WSOP (page 43) : World Series of Poker, tournoi de poker qui a lieu à Las Vegas chaque année.
- partie de cash (page 51) : en cash game, les joueurs peuvent librement racheter des jetons, ou quitter la table avec leurs jetons entre deux tours de jeu. Dans les tournois de poker au contraire, il faut payer un droit de participation fixe, et les joueurs sont éliminés lorsqu'ils ont épuisé leurs jetons.
- mix game (page 51) : un enchaînement de plusieurs variantes de poker. On passe à une variante différente (et on change de règles) à chaque fois que le jeton a fait un tour complet.
- "j'ai la main du siècle" (page 72) : Paul a une paire de deux : 2♣, 2♠. Il y a 1 098 240 mains avec une paire , et les 4 paires de deux sont les plus faibles... Cherryl répond donc sur le
même ton ironique : "monsieur joue gros calibre effectivement...".
- "j'aime faire durer le plaisir..." (page 73) : à ce stade, Paul a une paire de deux dans sa main. Cherryl n'a rien (mais a deux cartes hautes).
- "c'est fini. fallait s'y attendre avec une paire de deux.." (page 73) : Cherryl a désormais une paire d'As, qui bat la paire de deux de Paul. Il reste une maigre chance à Paul, avec un troisième 2 il aurait un brelan. Seul le 2♦ ou le 2♥ peuvent lui éviter de perdre.
- "on m'a craqué ma paire d'as avec un full au 7" (page 105) : l'as est la carte la plus élevée, mais une paire ne suffit pas pour battre un full (un brelan et une paire).
C'est un polar assez sombre, avec quelques accès de violence, une scène de sexe et pas mal de jurons.
Le dessin est de bonne facture, dans un style assez fouillé. Le découpage très carré et les plans à l'américaine rappellent la bande-dessinée franco-belge et les vieux films du cinéma Hollywoodien.
L'intrigue se base sur l'amitié entre deux hommes, Paul et Adam, et leur passion pour le poker. La narration se partage entre le point de vue de Paul, celui des caméras de surveillance omniprésentes, et quelques scènes qui ouvrent des fenêtres dans l'ombre, sur les manigances de personnages inquiétants.
L'histoire débute en 2005 avec une partie de poker survoltée à bord d'un avion : une belle trouvaille scénaristique, quand tu perds, tu sautes littéralement ! Dix ans plus tard, Paul se retrouve dans l'antre du jeu à Las Vegas pour faire face au cercueil de son ami. Adam lui laisse en héritage une énigme à résoudre, sous la forme d'un jeu de piste. Paul mène alors son enquête, convaincu qu'il s'agit d'un meurtre déguisé en overdose, et replonge dans l'univers du poker.
Vegas et l'univers du poker sont rendus de manière très réaliste. Par contre, les scénaristes nous donnent très peu de détails sur les nombreux personnages introduits dans ce premier tome. Peut-être est-ce fait pour qu'on ne sache pas si les personnages bluffent ou non?
Note sur l'édition : L'impression est de bonne qualité et les 160 pages du manhwa en noir et en blanc servent bien le côté polar. Seuls petits soucis, 2 fautes d'orthographe, des marges intérieures trop faibles pour le texte de la préface. On peut également regretter le manque de notes sur le poker qui risque de dérouter les débutants.
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Voici quelques NOTES pour permettre d'apprécier toute la saveur des parties de poker représentées dans le manhwa. N'étant pas expert, les informations ont été collectées à l'aide de Wikipedia :Dans The Big Bluff, on joue au Texas hold 'em, la variante la plus populaire du poker dans les casinos et les salles de jeu aux USA, en Europe et sur Internet. L'article de Wikipedia vous donnera tous les détails sur les règles de cette variante.
Un tour de jeu se déroule par phases :
- le premier joueur est indiqué par un jeton. A chaque nouveau tour, le jeton va au joueur suivant dans le sens des aiguilles d'une montre.
- le premier et le deuxième joueur doivent obligatoirement miser [voir petite et grosse blind ci-dessous], sans cartes en main
- chaque joueur reçoit deux cartes, faces cachées, en commençant par le premier et le deuxième joueur
- les joueurs suivants font leurs paris, avec leurs deux cartes en main. Plusieurs tours de paris peuvent s'enchainer pour faire monter les enjeux. Les joueurs peuvent décider de monter les enjeux, égaliser (suivre) ou quitter le pari (jeter) en abandonnant leur mise.
- une carte est défaussée [voir burn ci-dessous], puis trois cartes sont retournées face visible sur la table [voir flop ci-dessous]
- un deuxième tour de mises est possible
- une carte est défaussée (burn) et la quatrième carte est retournée face visible (appelée turn)
- un troisième tour de mises est possible
- une carte est défaussée (burn) et la cinquième carte est retournée face visible (appelée river)
- un quatrième tour de mises est possible
- à ce stade, s'il reste au moins deux joueurs en jeu, ils retournent leurs cartes et celui qui obtient la meilleure main en combinant cinq cartes parmi ses deux cartes et les cinq partagées sur la table remporte toutes les mises (pot). Si plusieurs joueurs ont des mains équivalentes, ce qui arrive en particulier lorsque la meilleure main est formée par les cinq cartes partagées, ils se partagent le pot.
Lors d'un tour de mises, si un seul joueur reste en jeu, il remporte le pot sans avoir besoin de montrer ses cartes. Le principe du bluff est de laisser croire que l'on a une meilleure main, par son attitude ou par une mise importante, afin de décourager les autres joueurs pour leur faire abandonner le pot.
Vocabulaire au fil des parties de poker de The Big Bluff :
- "petite et grosse blind" (page 4) : ce sont des mises obligatoires, qui poussent les deux premiers joueurs à rester en jeu pour ne pas perdre la mise. Le montant de la grosse blind est le double de celui de la petite blind. Dans les tournois, les montants des blinds augmentent à chaque tour de jeu afin de limiter la durée des parties.
- "deux joueurs, dont un à tapis." (page 7) : un joueur est à tapis, lorsqu'il a misé tous les
jetons qu'il lui reste. C'est l'équivalent de "all in" en anglais. Ici, il ne reste que deux joueurs en jeu. L'un est à tapis et l'autre non. Dans ce cas (ou lorsque tous les joueurs sont à tapis), tous les joueurs doivent montrer leurs cartes. Le donneur attend alors que tous les joueurs retournent leurs cartes avant de continuer "messieurs, montrez vos cartes, voici le flop".
- le flop (page 7) : les trois premières cartes partagées sont retournées face visible.
- la turn et la river (page 7) : turn correspond à la quatrième carte retournée face visible, et river à la cinquième et dernière. C'est la fin du tour.
- "mademoiselle, messieurs, pour la première fois de ma carrière j'annonce une quinte flush royale" (page 7) : la quinte flush est une combinaison de cinq cartes qui se suivent (quinte, en anglais straight) et dans la même couleur (flush).
Au poker, couleur correspond à une famille : pique, coeur, carreau ou trèfle, pas à rouge ou noir. Une quinte flush royale va du 10 jusqu'à l'As. C'est la meilleur main possible : il y a seulement quatre quintes flush royales (une dans chaque couleur), sur 2 598 960 mains possibles. Au Texas hold 'em les couleurs ne sont pas prises en compte dans la comparaison, une quinte flush royale à pique est donc équivalente à une quinte flush royale dans les autres couleurs. Ici il s'agit d'un quinte flush royale à trèfle, avec J♣, Q♣, A♣ sur la table, et 10♣, K♣ dans la main de l'italien.
- full aux as par les valets (page 8) : un full (full house) est la combinaison d'un brelan (trois cartes identiques) et d'une paire (deux cartes identiques). Un full aux as par les valets est constitué de trois as et de deux valets.
- all in (page 10) : comme "faire tapis"
- payé (page 10) : il faut payer pour voir. L'alternative serait de ne pas payer, au risque de perdre sa mise sans voir la main du joueur (voir principe du bluff ci-dessus)
- "je ne dois laisser passer aucune émotion..." (page 11) : cette réplique fait référence au visage impassible des joueurs de poker (poker face). A ce stade, Adam a un full aux dames par les neufs : Q♥, Q♦, Q♣, 9♥, 9♦. La jolie blonde n'a que deux paires Q♦, Q♣ (sur la table) et 4♣, 4♦ (dans sa main).
- "vous êtes si belle quand vous espérez..." (page 12) : la jolie blonde a désormais un full aux 4 par les dames : 4♥, 4♣, 4♦, Q♦, Q♣. Mais son full est moins fort que celui d'Adam car les dames battent les quatre. Que peut-elle espérer pour battre le full aux dames par les neufs d'Adam ? Un carré, une combinaison de quatre cartes identiques. Avec deux 4 dans sa main, et un sur la table, il ne manque plus que le 4♠. Mais c'est la seule carte qui peut la faire gagner... la probabilité est très faible que ce soit justement la dernière carte tirée.
- WPT (page 34) : World Poker Tour, tournoi international de poker Texas hold'em.
- WSOP (page 43) : World Series of Poker, tournoi de poker qui a lieu à Las Vegas chaque année.
- partie de cash (page 51) : en cash game, les joueurs peuvent librement racheter des jetons, ou quitter la table avec leurs jetons entre deux tours de jeu. Dans les tournois de poker au contraire, il faut payer un droit de participation fixe, et les joueurs sont éliminés lorsqu'ils ont épuisé leurs jetons.
- mix game (page 51) : un enchaînement de plusieurs variantes de poker. On passe à une variante différente (et on change de règles) à chaque fois que le jeton a fait un tour complet.
- "j'ai la main du siècle" (page 72) : Paul a une paire de deux : 2♣, 2♠. Il y a 1 098 240 mains avec une paire , et les 4 paires de deux sont les plus faibles... Cherryl répond donc sur le
même ton ironique : "monsieur joue gros calibre effectivement...".
- "j'aime faire durer le plaisir..." (page 73) : à ce stade, Paul a une paire de deux dans sa main. Cherryl n'a rien (mais a deux cartes hautes).
- "c'est fini. fallait s'y attendre avec une paire de deux.." (page 73) : Cherryl a désormais une paire d'As, qui bat la paire de deux de Paul. Il reste une maigre chance à Paul, avec un troisième 2 il aurait un brelan. Seul le 2♦ ou le 2♥ peuvent lui éviter de perdre.
- "on m'a craqué ma paire d'as avec un full au 7" (page 105) : l'as est la carte la plus élevée, mais une paire ne suffit pas pour battre un full (un brelan et une paire).
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En guise de conclusion, je vous laisse sur cet extrait de la préface de Bruno Fitoussi, champion du monde de poker, commentateur des WSOP sur la chaîne RTL9 et créateur du magazine 52 : "Cette oeuvre originale s'insère dans la bibliothèque idéale de tout amateur de polar, de bande dessinée ou de poker ! La collaboration entre un scénariste français et un dessinateur coréen constitue une tentative artistique rare et un beau pari éditorial."
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