Seinen en 5 volumes doubles |
Attention chef d’œuvre ! La formule peut sembler exagérée, mais c'est ce que j'ai ressenti à la lecture. J'ai été happée entre les pages de Dragon Head.
L'une des forces de ce début est de jouer sur le fait qu'il ne s'agit peut-être pas d'un simple accident, mais la conséquence de quelque chose de beaucoup plus grave. Et les lecteurs, comme les personnages, sont plongés dans le noir et l'ignorance.
Dans les décors soignés du train sens dessus dessous, trois survivants évoluent, chacun bien différent. Bien qu'il soit horrifié et effrayé, Teru a la volonté de s'en sortir. Ainsi, son premier réflexe est d'obtenir de la lumière, puis de se renseigner sur ce qui s'est passé en dégotant une radio. Nobuo, le second garçon survivant se laisse engloutir par la frayeur et l'obscurité et sombre dans la folie, ce qui le transforme en élément dangereux capable de faire n'importe quoi. Ako, la fille, est clairement sous le choc et ne fait que réagir aux actions des deux garçons.
Le premier est attachant, car lui aussi se débat avec la peur, mais va toujours de l'avant. Face au second on est partagé entre pitié et effroi devant son retour à un état primitif : maquillage tribal, sacrifices... Quant à la dernière, on reste pour le moment dans l'expectative.
De façon intéressante, on remarque que même avant Chiisakobé, Minetaro
Mochizuki accordait beaucoup d'importance aux mains et aux pieds des
personnages. C'est toute l'expressivité du corps qui entre en jeu et pas seulement celle du visage.
Seules échappées de ce monde tout en noir et gris empreint de cadavres et de sang où nous sommes enfermés au même titre que les personnages : les souvenirs de Teru et Ako du monde extérieur où pointent les regrets de ne pas s'être montrés plus aimables avec leurs parents qu'ils risquent de ne plus jamais revoir.
Alors que les mangas de survie avec des jeux aussi horribles qu'étranges
pullulent, Dragon Head est un manga catastrophe qui joue aussi la carte
de la survie de façon bien plus réaliste et donc plus effrayante.
En ce qui concerne l'édition, elle pèse son poids, ce qui est logique vu son grand format, son papier épais et ses quelques 400 pages dont les premières, en couleur, sont de toutes beautés. Elle est dotée d'une préface de Pope et d'une postface de Sébastien Langevin qui porte une regard intéressant sur l'histoire et ses personnages.
En bref, si comme moi vous étiez jusque là passé à côté de Dragon Head, ne ratez pas ce train-là ! Dragon Head est un récit oppressant, haletant, angoissant, et terriblement prenant.
Vivement la suite et je ne vais guère tarder à me pencher sur Maiwai parce que Minetaro Mochizuki a vrai un talent de conteur et de mise en scène.