Chronique - Les fleurs du mal : un parfum de malaise

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Le titre Les Fleurs du mal fait référence au recueil de poèmes de Charles Baudelaire et ce n'est pas du tout anodin. Le héros, Takéo affectionne en effet l'auteur et le recueil Les Fleurs du Mal dont la couverture de l'édition japonaise est ornée d'une inquiétante fleur du peintre français Odilon Redon reproduite ici par le mangaka Shuzo Oshimi. L'histoire du manga en lui-même illustre et fait écho à l'œuvre de Charles Baudelaire nous poussant à la (re)lire.

Acheter Les Fleurs du mal volume 2 sur AmazonAcheter Les Fleurs du mal volume 1 sur AmazonNos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ;
Nous nous faisons payer grassement nos aveux,
Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux,
Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.
Extrait de Au lecteur, situé au début du recueil des Fleurs du Mal

Sous ses airs de comédie scolaire - un collégien  timide et renfermé, une jolie fille populaire qu'il aime de loin et une qui va l'amener à agir - se cache une œuvre profonde avec un étrange triangle pas vraiment amoureux.

Takéo, c'est l'élève moyen, amateur de livres dans lesquels il aime se réfugier. Sur un coup de tête, il va sentir les vêtements de gym oubliés de Nanako, la jolie fille populaire, l'idéal féminin du héros, et ensuite s'enfuir avec... Mais pas de chance pour lui, il a été vu par Sawa, la fille étrange qui n'hésite pas à traiter ses pairs de cafards, son professeur compris.

Cette dernière va se mettre à lui faire du chantage sous peine de le dénoncer et Takéo va se laisser manipuler, avec une facilité déconcertante, sans doute parce que même s'il aspire à la normalité, il veut s'en évader. La normalité est en effet comme un carcan où il faut porter un masque pour préserver les apparences. Se comporter de façon déviante a par conséquent un côté libérateur, même si troublant. L'ultime double page du volume 2 est impressionnante aussi bien d'un point de vue graphique que scénaristique.

Takéo se retrouve donc entre une Nanako qu'il idéalise et une Sawa qu'il diabolise, chacune d'entre elles représentant en quelque sorte le bien et le mal. La première qu'il a mis sur un piédestal représente un idéal de pureté à atteindre tandis que la seconde le pousse vers le vice, souhaitant qu'il assume ses pulsions sexuelles. Ambiguïté intéressante : Sawa a-t-elle raison de voir un pervers en Takéo, ne fait-elle que faire germer chez lui une graine d'un mal déjà présent ou bien est-ce elle qui l'a planté ?

En bref, les Fleurs du mal est une œuvre aussi fascinante que dérangeante qui explore la notion de perversité.


EXTRAIT de 48 pages à lire sur le site de Ki-Oon
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