Chronique - Autant en emporte la brume 🌫️

Autant en emporte la brume est initialement une série prépubliée  en 1967 au Japon dans le magazine pour filles, Shûkan Margaret, fondé en 1963 par les éditions Shueisha. Son succès lui a valu une adaptation télévisée en 1975 sous le nom plus prosaïque de "Secrets de famille" et même une adaptation en roman.

L'édition des éditions Akata propose l'oeuvre sous forme d'un volume de 400 pages grand format souple agréable à tenir en main. Elle contient une série de bonus fort intéressants qui permettent de recontextualiser l'oeuvre : une interview avec Eiko Hanamura et une avec Hiroko Hanamura, la fille de l'autrice, Réminiscence d'Autant en emporte la brume par Isamu Kuramochi (ex-éditeur de Shûkan Margaret) et "Qu'y a-t-il dams la brume ?" par Yukari Fujimoto (éditrice et critique)

Cependant, au-delà de l'aspect patrimonial de l'oeuvre qui permet d'en apprendre plus sur l'histoire du manga, que vaut l'histoire ?


Le début du récit nous présente une famille heureuse : un père riche très occupé par son travail, une mère et épouse aimante, Yûko, et une adolescente pleine de vie, Natsuko. Un voyage à Hokkaido révèle les premières failles... Natsuko y rencontre dans la brume Rika, une fille ressemblant étrangement à sa mère.

Il s'agit d'un titre fondamentalement tragique où les révélations dramatiques sont révélées à mesure que l'on avance dans le récit : des amours contrariés, un bébé volé, une fille adoptée, des désirs de mort... Cependant, si la brume pénètre tout le récit, l'ensemble n'est pas pour autant dénué d'espoir. Le coin de ciel bleu est là.
L'oeuvre est avant tout poétique dans le fond comme dans la forme. Nous avons tour à tour accès aux pensées et émotions, de la mère Yûko, des deux adolescentes Natsuko et Rika, mais aussi de quelques personnages masculins clés.
Le dessin possède beaucoup de charme, avec une variété impressionnante dans les tenues et coiffures des héroïnes.
Il y a certes beaucoup de larmes, mais surtout énormément d'amour entre ses personnages qui sont profondémment humains.
La notion de famille est interrogée. L'importance des liens du sang n'est pas niée, mais ce sont les liens du coeur, que les gens construisent en vivant ensemble qui sont mis en valeur.

En bref, Autant en emporte la brume offre une émouvante histoire de famille portée par une esthétique poétique dans le dessin comme le texte. Et en apprendre davantage sur l'histoire du manga et plus particulièrement des shojo mangas (mangas pour filles) est un plus indéniable !